Lors de mon récent séjour à Bruxelles, j'ai profité de l'occasion pour aller voir cette chorégraphie. Une fois entré dans cette sublime salle, on découvre une scène vide (le rideau occupe le fond de la scène et les côtés, et ne descend même pas jusqu'au sol, mais s'arrête à hauteur de cuisse) avec un DJ seul, qui nous passe divers titres pendant que le public s'installe.

Petit à petit, on voit apparaître des jambes derrière le rideau, ce sont les danseurs qui s'échauffent. Puis les lumières s'éteignent, le DJ crie Bitches Brew et le spectacle peut débuter. Quasiment toute la chorégraphie se passe sur la musique de Miles Davis. Une des caractéristiques de cet album de Miles est que l'improvisation a eu une place très importante durant son enregistrement. La chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker a, semble-t-il, voulu faire la même chose dans ce ballet, et il y a donc plusieurs moments où les danseurs sont libres d'improviser...

Voilà l'explication du pourquoi de Bitches Brew. Quant à Tacoma Narrows, il est dans le titre car une partie du ballet n'a pour seule lumière qu'un vidéo-projecteur projetant sur le rideau les images de ce pont en train de vibrer et prêt à s'écrouler. C'est également un des rares passages où la musique n'est pas de Miles Davis.

Au final, je suis ressorti de ce théâtre en conservant dans ma tête de magnifiques moments (comme par exemple ce solo d'un danseur sur le devant de la scène, avec tous les autres derrière le rideau exécutant les mêmes pas de manière synchrone), mais également un sentiment fort de manque de cohésion dans le tout. Je ne suis donc pas totalement convaincu que l'improvisation puisse avoir la même place dans une chorégraphie que celle qui est la sienne dans le jazz. Est-ce que je conseillerai à des amis d'aller voir ce ballet si l'occasion se présente ? Oui, car les magnifiques moments que l'on peut y voir valent vraiment la peine.