Le gardien du phare, Telmo, est un vieux briscard, passionné de littérature (il « renomme » par ailleurs Francisco en Moby Dick car il l'a trouvé sur la plage comme une baleine échouée). Telmo vit dans son phare uniquement grâce aux restes des naufrages rejetés sur la plage et maintient tous les jours le phare en état de marche... alors que cela fait plusieurs années que la lampe est en panne et qu'il en attend une de rechange. Francisco passera quelques jours dans ce phare, à écouter et aider le vieux Telmo.

Tout l'album se concentre sur la relation entre Telmo et Francisco. Le jeune militaire, déjà complètement empli de certitudes face au vieux briscard qui lui parle de voyages fantastiques ou de la quête du capitaine Hachab face à Moby Dick. Petit à petit, Francisco évoluera : il passera d'un statut de machine à tuer endoctrinée (et désabusée, puisqu'il fait partie du camp des vaincus) à un statut nettement plus humain et réussira à se trouver des rêves.

Cette BD est très belle, tant par le fond que la forme et le contenant. La manière dont l'auteur nous présente l'évolution de ce jeune militaire, effectuée grâce à son accès à la littérature (même si ces œuvres ne lui sont présentées que de manière orale), est un beau plaidoyer pour l'importance de la culture. Et on sent beaucoup d'affection dans la relation de maître à apprenti qui se construit entre les deux protagonistes. En ce qui concerne la forme, j'aime beaucoup ce dessin très simple (on y sent de fortes influences de la ligne claire), mais qui laisse passer beaucoup d'émotion dans chaque trait. Pour le contenant, il s'agit d'un très bel album imprimé en bichromie et sérigraphie.

Une œuvre très agréable à lire et qui nous fait part d'une belle tranche de vie. Le Phare, par Paco Roca, publiée par 6 pieds sous terre, dans la collection Monotrème.

Pour plus de détails (ainsi qu'une planche), n'hésitez pas à cliquer sur la couverture ou le titre de l'album (cela est par ailleurs valable pour toutes mes chroniques).