Intitulé Invitation au voyage, ce premier tome nous permet de renouer avec ces vieux amis Taupe, Crapaud et Rat. Oui, « renouer, » car cette série est une suite sans en être une de l'excellent Vent dans les saules.

Là, je pense que j'ai dû perdre les trois quarts de mon lectorat,[1] je vais donc reprendre au commencement. Il était une fois un roman pour enfants intitulé Le vent dans les saules, écrit par Kenneth Grahame au début du XXe siècle, qui est devenu un grand classique de la littérature enfantine en Angleterre. Ce roman nous narre les aventures de Rat, Taupe, Crapaud, Blaireau et leurs amis à la poursuite de Crapaud qui se prend de folie pour les automobiles, fait énormément de dégâts sur son passage et vivra plein de (més)aventures. Tout cela est écrit avec beaucoup d'humour et présente une belle réflexion sur ce qu'est le bonheur et de savoir si on a plus de chances de le trouver chez soi au bord de sa rivière (Rat est effectivement un rat d'eau) ou en partant loin à l'aventure.

Bien des années plus tard, Michel Plessix s'est mis dans la tête d'adapter ce roman en bande dessinée. Et il a réussi un coup de maître. Il a réalisé une magnifique œuvre en quatre tomes[2] avec un trait et des personnages d'une douceur exquise. De plus, la mise en couleurs aux crayons augmente encore ce côté chaleureux du trait. C'est un bonheur à lire de bout en bout, vous colle un sourire sur les lèvres pour des heures à venir ensuite. Ah, il faut quand même que je vous prévienne : oui, c'est bien une BD animalière anthropomorphique. C'est un style avec lequel beaucoup de gens ont de la peine (et j'en faisais partie à une époque), mais dans ce cas-là, les personnages sont tellement sympathiques, semblent vivre une vie tellement agréable que l'on a qu'une seule envie : les rejoindre autour d'une bonne table et tailler une bavette avec eux.

Mais voilà, il y a un gros problème... c'est que l'histoire est finie en quatre tomes et ces personnages sont tellement attachants que l'on a terriblement envie de continuer de passer du temps en leur compagnie. Heureusement pour nous, Michel Plessix semble être du même avis. Il a donc décidé de leur donner de nouvelles aventures et c'est ainsi qu'est né Le vent dans les sables. Ce premier album débute à l'arrivée de l'automne dans la région où vivent nos amis et (presque) tous les animaux préparent leur départ vers des contrées plus chaudes. Rat, lui, se promène simplement et apprécie fortement cette arrivée d'une nouvelle saison. Il aura notamment une conversation avec des hirondelles qu'il essaiera de convaincre de rester, tandis qu'elles tenteront de le convaincre des charmes des pays étrangers. Finalement, au détour d'une pause au bord du chemin, Rat fera la connaissance d'un rat bourlingueur et tatoué qui lui parlera de ses voyages autour d'un pique-nique. Et je vais m'arrêter là pour ce résumé ; si vous souhaitez découvrir la suite, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

C'est un véritable bonheur de retrouver ces personnages et le dessin de Plessix. Comme je l'ai dit, son trait est très doux et qui transmet plein d'émotions dans un simple frémissement de moustache. Mais c'est surtout cette mise en couleurs, sublime, qui apporte beaucoup. Et ce que j'adore particulièrement, ce sont toutes les petites saynètes que l'on voit en arrière plan : une mouche qui cherche son ami Raymond, une fourmi qui fait un numéro de claquettes pour une autre, les hirondelles qui perdent leur guide de voyage, etc. C'est vraiment pour moi l'exemple type de la BD « feel good. » Le seul regret, c'est que lorsqu'on arrive à la fin de ce premier tome on a déjà envie de se ruer sur le suivant... et le choc est terrible quand on réalise que l'on va devoir passer environ une année sans la compagnie de Taupe ou de Blaireau.

En résumé : Invitation au voyage, premier tome de Le vent dans les sables, par Michel Plessix aux éditions Delcourt dans la collection Jeunesse. Plus de détail sur cet album.

Notes

[1] Ce qui doit correspondre à deux personnes un quart environ.

[2] ... ou une intégrale.